Les personnes assistées sociales de l’OPDS réclament le Revenu de citoyenneté pour sortir de la misère, des préjugés, de la charité et des contrôles. Des groupes et des individus le revendiquent ici et ailleurs dans le monde. Certains le proposent pour dégraisser l’État et couper tous les programmes sociaux ; d’autres pour sortir les personnes de la pauvreté. Par contre, plusieurs s’y opposent carrément ou sont partagés sur la question. Faire le point sur le revenu de citoyenneté est un exercice fort difficile. Plusieurs personnes ont quand même fouillé le sujet mais il reste encore un long chemin avant d’y arriver et beaucoup de débats à poursuivre.
Quand on commence à parler d’argent, plusieurs montent aux barricades, notamment ceux et celles qui ne veulent pas le partager ou qui considèrent l’avoir durement gagné. De plus, parler d’un revenu qui nous serait attribué d’office, sans aucun effort, atteint directement une multitude de valeurs qui nous ont été inculquées depuis des millénaires et qui ont laissé des empreintes profondes. Combien de fois, toutes et tous, avons-nous entendu des expressions comme : « Il faut travailler dur pour réussir. » ; « On n’a pas rien sans rien. »
Nous ne sommes pas des politiciennes, ni des économistes, ni des scientifiques mais nous savons qu’il y a beaucoup de richesse, que nous participons toutes et tous à la produire, d’une façon ou d’une autre, que nos ancêtres y ont participé et que nous avons droit à une part de cette richesse. Nous savons aussi que l’humain est plus important que l’argent et que celui-ci doit servir non pas une minorité de possédants mais l’ensemble de la collectivité ! La charité, on n’en veut pas ; on veut le revenu qui nous est dû en droit parce que nous existons et que nous faisons partie de la société.
Le revenu de citoyenneté que l’OPDS revendique est un montant d’argent versé mensuellement, de façon universelle (à tous les adultes) et inconditionnelle (sans aucune condition) à toutes les personnes de 18 ans et plus, habitant le Québec et ce jusqu’à notre mort. Ce revenu serait non imposable et cumulable ; il s’ajouterait à nos autres revenus. Les revenus de travail et du capital seraient taxés. Ce revenu de citoyenneté devrait correspondre au seuil de faible revenu (selon Statistique Canada) et une réforme de la fiscalité devra accompagner sa mise en place. Les services et programmes publics comme les programmes sociaux, de santé et d’éducation seraient maintenus ainsi que tous les programmes qui touchent spécifiquement les enfants.
Donc, si on reprend chacun des termes :
Un revenu universel : tout adulte vivant au Québec recevrait le chèque de revenu de citoyenneté et ce, peu importe sa classe sociale, son statut, son sexe, son origine ethnique, sa religion ou son revenu, par exemple.
Un revenu inconditionnel : tout adulte le recevrait sans aucune condition : pas d’obligation de participer à un programme d’employabilité ou de réinsertion sociale, pas d’obligation de prouver qu’on a fait de la recherche d’emploi, pas d’obligation de « se mettre en mouvement » (car c’est l’objectif de la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles, la loi d’aide sociale actuelle : « mettre les gens en mouvement »).
Un revenu correspondant au seuil de pauvreté : même si le terme seuil de pauvreté a été remplacé par seuil de faible revenu ; à l’OPDS on continue de l’utiliser car on le trouve plus réaliste et moins hypocrite. Bref, le seuil de pauvreté est, à chaque année, déterminé par Statistique Canada. En 2014, ce seuil, pour une personne seule, était fixé à 24 328 $ avant impôts, dans une ville comme Montréal. Donc, si l’objectif est vraiment de sortir les gens de la pauvreté, le revenu de citoyenneté ne devrait pas se situer sous ce seuil « de pauvreté ».
Le revenu de citoyenneté serait versé mensuellement : les gens recevraient un chèque mensuel c’est-à-dire à tous les mois.
Le revenu de citoyenneté serait versé à toute personne adulte vivant au Québec : comme le revenu de citoyenneté serait versé uniquement aux personnes adultes, il faudrait s’assurer de maintenir tous les programmes, services et allocations qui touchent spécifiquement les enfants (allocations familiales, CPE, etc.).
Le revenu de citoyenneté serait non imposable et cumulable ; il s’ajouterait aux autres revenus : revenus de travail, revenus de pension alimentaire, etc. Cependant, les revenus de travail et le Capital (placements, actions, REER, etc.) seraient quant à eux imposables.
Tous les programmes et services publics seraient maintenus : services sociaux, services de santé, éducation, etc. Il faut être extrêmement vigilants sur la question des services publics car, pour les groupes de droite comme la CAQ, leur idée d’un revenu de citoyenneté serait l’occasion de faire table rase des services et programmes publics. Admettons que leur définition du revenu de citoyenneté n’est pas du tout la même que la nôtre !
Plusieurs programmes de « remplacement de revenu » tels que nous les connaissons aujourd’hui comme par exemple l’aide sociale, le chômage, les rentes d’invalidité, les rentes de vieillesse, les prêts et bourses, etc., seraient quant à eux amenés à disparaître pour être remplacés par un seul et unique programme : le revenu de citoyenneté.
Une réforme de la fiscalité s’imposerait, entre autres, pour rendre les tables d’impôts plus progressives et pour taxer certains revenus qui ne le sont pas comme les transactions boursières et les REER ou ceux qui ne sont pas taxés à 100 % comme les gains en capitaux.
Le revenu de citoyenneté ne nous sera pas accordé, il faudra l’arracher. S’il nous le donnait d’office, ce serait un revenu minimum, en fait, ce serait le minimum du minimum du minimum… pire que l’aide sociale actuelle ! Nous ne voulons pas la charité ; nous voulons un revenu décent peu importe notre activité. Le revenu de citoyenneté nous est dû parce que nous existons ; parce que l’ensemble des ressources sur cette terre appartient à toutes et à tous même, si certains se sont déclarés seuls propriétaires de ces ressources.
Différents scénarios ont été étudiés concernant la réalisation du revenu de citoyenneté et tous prouvent sa faisabilité. Il suffit simplement pour le gouvernement d’avoir la volonté politique de l’appliquer. Mais quel gouvernement acceptera que la richesse de ses amis soit partagée si on ne l’oblige pas à le faire ? Nous devrons nous battre férocement pour l’obtenir et nous devrons être nombreuses et nombreux à le faire. Les actions de l’OPDS et de ses groupes alliés, ces dernières années, se sont toutes inscrites dans cette voie. Le chemin est ardu mais si nous unissons nos forces, nous vaincrons !
Cette vieille idée du revenu de citoyenneté est restée dans la tête et le cœur de nombreuses personnes issues de tous les milieux, dans différents pays. Les personnes assistées sociales affamées, isolées, exclues, intimidées, harcelées, contrôlées, rêvent du revenu de citoyenneté tout comme une bonne majorité de personnes sans emploi, de petits salariés, de personnes âgées, de femmes ou d’hommes au foyer, de jeunes, d’étudiantes et d’étudiants, d’artistes, etc. Si on doit se libérer des Libéraux, du Parti québécois et de la CAQ, on doit avant tout se libérer de notre condition économique de crève-faim. On doit pouvoir exercer l’ensemble de nos droits et pour ce faire, on doit avoir un revenu qui nous permette de les réaliser pleinement. Nous ne voulons pas n’importe quel revenu de citoyenneté ; nous voulons sortir de la misère. Nous voulons un revenu décent, inconditionnel, universel qui nous permettra d’exercer pleinement nos droits. Une idée de rêveur ? Peut-être ! Mais si nos parents, nos grand-parents et toutes celles et ceux qui les ont précédés n’avaient pas rêvé avant nous et ne s’étaient pas battus pour leurs rêves, il n’existerait pas un seul programme social aujourd’hui !
Beaucoup d’inquiétudes sont valables mais nous croyons que cette bataille peut être gagnée si l’ensemble du mouvement populaire et syndical se mobilise autour de cet enjeu. Nous n’écrirons pas la Loi sur le Revenu de citoyenneté mais nous lançons un appel à toutes et à tous pour que cette idée soit débattue. Nous savons que les personnes assistées sociales, sans emploi et celles à faible revenu se mobiliseraient fortement. Nous n’en pouvons plus d’être dans la misère. Nous n’en pouvons plus de travailler au péril de notre santé et de notre vie dans des usines qui ferment ou qui déménagent. Nous n’en pouvons plus de nous serrer la ceinture tandis que d’autres se la coulent douce en volant les biens publics. Nous n’en pouvons plus du mépris de ceux qui nous font la leçon et qui nous rendent coupables d’être en vie. Nous n’en pouvons plus !
De l’argent, il y en a ; il suffit de le prendre où il se trouve. Nous devons exiger que les riches et les entreprises payent leur juste part d’impôts ; nous devons exiger le partage de la richesse collective. Les riches se sont approprié les biens et ils se sont rempli les poches à nos dépens.
Les personnes assistées sociales en ont ras-le-bol de crever de faim, d’être isolées, exclues, jugées comme des moins que rien ! Leurs jeunes n’ont pas de présent ; à quoi servirait de parler d’avenir ou d’espoir ? Quant à nos enfants, ils apprennent très tôt qu’ils n’ont aucune place dans la société sauf durant le temps des Fêtes où les bien nantis se donnent bonne conscience, cravatés dans leur mépris caché !
Plusieurs personnes qui ne sont pas à l’aide sociale vivent en bas du seuil de pauvreté : des personnes sans emploi, des personnes en emploi précaire ou au salaire minimum, des personnes âgées, des personnes immigrantes, des personnes étudiantes, des femmes avec ou sans chèque, des artistes, etc. Quant à la classe moyenne, elle glisse de plus en plus vers la pauvreté. Nous sommes nombreuses et nombreux ; notre force, c’est notre nombre. Si nous en avions la volonté, nous pourrions ébranler le système et les choses changeraient. Il faut agir, il faut lutter, ensemble, les unes et les uns à côté des autres. La richesse, ça se partage ! Ça va faire la misère !