Le 24 novembre dernier, nous avons été occupées les bureaux de la ministre de la Solidarité sociale et de l’action communautaire, Chantal Rouleau. L’objectif de l’occupation était de réclamer les avantages associés au nouveau programme de revenu de base et ce, pour l’ensemble des prestataires d’aide sociale. Durant l’action, un de nos militants salariés, Christophe, a pris le parole. Voici son discours :
« Si on est ici aujourd’hui, c’est pour revendiquer l’application des avantages du nouveau Programme de revenu de base à toutes les personnes assistées sociales.
En effet, à partir du 1er janvier 2023, les personnes étant sur le programme de solidarité sociale depuis 66 mois verront leur prestation mensuelle rehaussée pour atteindre 1475$, l’individualisation de leurs chèques (un chèque par personne, même en couple) et des gains de travail permis près de 6 fois plus élevés que ceux actuels.
Pour nous, avec le programme de revenu de base vous offrez des avantages à certains tout en privant d’autres. Vous creusez l’écart entre les « bons et les mauvais pauvres » : les bons, qui ont de lourdes contraintes à l’emploi reconnues et les mauvais qui sont coupables d’être jugés aptes au travail. Vous diminuez l’aspect universel du filet social au profit des besoins capitalistes du marché de l’emploi.
Votre gouvernement parle de lutte à la pauvreté même si vous donnez délibérément des chèques qui ne permettent pas d’atteindre la moitié du seuil de pauvreté. Comment survivre avec un chèque d’à peine 726$ par mois? Alors que pendant la pandémie, 50% de la population touchait la PCU à hauteur de 2000$ par mois, le Ministère [de la Solidarité sociale] a jamais cru bon augmenter même d’une piasse le chèque d’aide sociale. Pour nous, y’a pas pire hypocrisie. Le gouvernement ose se péter les bretelles avec des p’tits 500$ par-ci, des 600$ par-là, pendant que le monde sur l’aide sociale se battent juste pour survivre pis arriver à la fin du mois.
Même avec des contraintes à l’emploi tu t’en sors pas. Une contrainte temporaire, ça permet d’avoir 870$ par mois au lieu de 726$. Ça change pas une vie. Pis des contraintes à l’emploi, tu vas en avoir si t’arrives à voir un médecin pour te les diagnostiquer, pis qu’il comprend ta situation. De toute façon, même sans contraintes diagnostiquées et acceptées par les médecins de votre ministère, on vous le dit, y’a personnes qui choisi l’aide sociale.
La raison pour laquelle on est ici, c’est pour vous mettre dans la face que vous placez délibérément les gens sur l’aide sociale en situation de survie. Le monde se retrouve dans la rue, les loyers n’ont jamais été aussi chers pis le coût de l’épicerie, on en parle même pas. La pauvreté, c’est un choix politique.
Ce qu’on veut, c’est l’augmentation des prestations pour tout le monde, tout de suite, ça presse.
Ce qu’on veut, c’est l’individualisation des prestations. Parce que ça a pas d’allure qu’un couple sur l’aide sociale ait seulement 1099$ par mois pour survivre à deux. Pis c’est pas vrai que la solidarité dans le couple ça fait que l’épicerie, le transport pis le loyer coûtent magiquement moins cher.
C’qu’on veut, c’est la fin des contrôles sur l’argent que les personnes sur l’aide sociale ont le droit d’avoir en leur possession. Parce qu’en ce moment, pour une personne seule à l’aide sociale, chaque dollar qui dépasse 1500 dans son compte à la fin du mois est coupé sur son chèque du mois suivant. Ça, ça participe à maintenir le monde dans misère. On veut que le monde sur l’aide sociale ait droit de recevoir des dons parce qu’à l’aide sociale, on a droit à 100$ de dons par mois, tout ce qui dépasse ce montant-là, on le coupe sur le chèque le mois suivant. À un moment donné, ça va faire le calisse de mépris.
On veut aussi que le monde sur l’aide sociale ait le droit à des revenus sans se faire couper le chèque. Parce qu’en ce moment, une personne qui dépasse 200$ de revenu net par mois se fait couper l’excédent sur le chèque du mois suivant.
À L’OPDS, on arrêtera pas de revendiquer la mise en place d’un revenu de citoyenneté comme réelle solution pour abolir la pauvreté. Par contre, par pragmatisme, alors que le Québec fait face à une crise inflationniste et à l’explosion du coût de la vie, on exige que les mesures du Programme de revenu de base soient étendues à l’ensemble des personnes assistées sociales. »
La photo a été prise par un camarade du Comité d’action de Parc-Extension